Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste


Mes ancêtres à Paris aux XVème et XVIème siècles

 

Michel Meste (Sosa 1)


I-             Introduction

Après avoir longtemps pérégriné dans la France profonde en grimpant dans notre arbre (côté maternel, car nous sommes là dans les ancêtres Faure), nous avons eu la surprise de trouver des ancêtres à Paris, quelquefois nobles, souvent dans le milieu de la justice. Nous allons nous intéresser ici à 4 patronymes qui correspondent à ces profils, sur une période allant de 1450 à 1650 environ, qui nous feront plonger dans l’histoire de France.

Il s’agit des patronymes Talon, Le Prevost, Fromont et Pucelle (nous avons déjà rencontré ce dernier dans notre article sur Saint-Pardoux). Lorsqu’il s’agira d’ancêtres, nous préciserons les numéros Sosa. Toutes les données généalogiques mentionnées ici sont accessibles en ligne sur Geneanet (identifiant : mestenerzic), où elles sont toutes sourcées (sauf exceptions…).

Le couple à l’origine de cette incursion à Paris est constitué de Guillaume Pucelle (Sosa 3336, né vers 1580) et Suzanne Talon (Sosa 3337, née aussi à la même époque que son mari). Ils se sont mariés à Paris en décembre 1603. Pour clarifier, donnons les premiers éléments du micro-arbre ascendant en question :

 Arbre à Paris


I-             Les Pucelle

 Le 7 décembre 1603 est signé le contrat de mariage de Guillaume Pucelle [Sosa 3336], procureur en la Cour de Parlement, demeurant rue Saint Denis (paroisse Saint- Eustache), assisté de Marie Lefevre, veuve de Guillaume Pucelle, procureur en ladite Cour, et de Suzanne Talon, fille mineure de défunts Jean Talon, procureur en Parlement, et Claude Vignon, demeurant en la maison de Pierre de Lessau, avocat en Parlement et de Denise Sarde, sa femme, sœur utérine de ladite Suzanne Talon, rue Percée, paroisse Saint-Séverin, assistée d’Omer Talon, avocat en la Cour de Parlement, ancien échevin de Paris et maître des Requêtes Ordinaires de la reine Marguerite, demeurant rue de la Harpe, Nicolas Talon, Jean Talon, ses frères et de Marie Talon, femme de Simon Tubeuf, sa sœur, Simon Talon cousin paternel. Blason des Pucelle

Marie Lefèvre, veuve de Guillaume Pucelle, est la mère du marié. Denise Sarde est la fille d’un premier mariage de Claude Vignon et Claude Sarde. Omer Talon est le frère de Suzanne (on le reverra plus loin). Tous les frères et sœur de Suzanne sont donc présents. Simon Tubeuf est Avocat au Parlement, maître des requêtes de la Reine Elisabeth d'Autriche.

On voit donc que les hommes de loi sont très présents dans cette branche. Ci-contre : le blason des Pucelle.

Marie Lefebvre (ou Lefevre, Sosa 6673), mère de Guillaume Pucelle (Sosa 3336), est mentionnée dans l’acte suivant (Geneanet, archives) :

Baptême de Marye Postel - Répertoire alphabétique d'Artistes et Artisans - Marquis Léon de Laborde - 1563 - le lundi 15 septembre 1563, fut baptisée Marie Postel, fille de Jehan Postel M° Imprimeur, demeurant rue des Vieils Augustin, Paroisse Saint- Eustache, et d'Henriette Lecoq, sa femme. Fut le parrain, Severin Fleury, Sergent en la justice de Saint Germain des Près. Et Marraines, Claude et Marie Lefebvre, filles de Monsieur le commissaire Lefebvre. Ladite Claude, femme de Jehan Bude, procureur au Châtelet et ladite Marie, femme de Guillaume Pucelle procureur en Parlement - Archives de Paris - Collection Laborde, Lettre Pois-Pot.

Marguerite Pucelle, sœur de Guillaume (Sosa 6672), a été mariée 2 fois. Son premier mari, Claude Husson, était procureur au Châtelet de Paris. On retrouve leurs traces dans les archives (Geneanet, archives) :

17/10/1612, Paris. Inventaire après décès de feu Me Claude HUSSON, vivant procureur au Châtelet de Paris, à la requête d'honorable femme Marguerite PUCELLE, sa veuve, demeurant rue des Noyers, paroisse Saint-Benoît, au nom et comme exécutrice du testament, ordonnances et dernières volontés dudit défunt, aussi à la requête de noble homme Me Jean DUBOYS, avocat en la Cour de Parlement demeurant rue Saint-Jacques, paroisse Saint-Séverin, au nom et comme tuteur et curateur le jour d'hier créé en justice au Châtelet de Paris aux personnes et biens de Jacqueline, âgée de 15 ans ou environ, Elisabeth, âgée de 13 ans ou environ, Marie, âgée de 8 ans ou environ et Claude HUSSON, âgé de 6 ans ou environ, tous enfants mineurs d'ans dudit défunt et de feue Eléonore ROCHON, jadis sa femme, et en la présence de Me Guillaume BAULART, procureur audit Châtelet, subrogé tuteur desdits mineurs, à la conservation des droits des parties et de qui il appartiendra, fut et a été par Jacques Fardeau et Antoine de Montroussel, notaires, fait description et inventaire de tous et chacuns les biens meubles, ustensiles d'hôtel, argent monnayé et non monnayé, lettres, titres, papiers et enseignements et autres choses délaissés après le décès dudit défunt HUSSON.

[Minutes et répertoires du notaire Antoine de MONROUSSEL, 30 avril 1609 - 1639 (étude CIX)] 

On reste toujours sur les hommes de loi.

 

I-             Les Talon

 Venons-en à la famille de Suzanne Talon (Sosa 3337), épouse de Guillaume Pucelle et fille de Jean II Talon (dont on reparlera ci-après).

 Citons ce qu’en dit le Grand Dictionnaire Historique de Louis Moreri (tome 10, édition de 1759) : Blason des Talon

Talon : famille illustre dans la robe. Suivant les mémoires de cette famille, elle tire son origine d’Irlande, où on prétend qu’elle a possédé des terres et des places considérables.

Jacques Waræus, dans les Antiquités Irlandaises, marque qu’à Tulli-Felim Alfelag, sur la rivière de Slane, Simon Lombard & Hugues Talon fondèrent, en 1314, un couvent de l’ordre des Hermites de Saint-. Augustin.[….]. Artus Talon est, dit-on, le premier qui quitta l’Irlande pour venir s’établir en France, où il fut colonel d’un régiment irlandais sous le règne de Charles IX. Il eut, entre autres enfants, quatre fils : Jean Talon, Omer Talon, Artus Talon et Pierre Talon. [s’ensuivent plusieurs pages décrivant la généalogie de cette famille]

Malheureusement, ces assertions sont erronées. Il est en effet impossible d’admettre qu’Omer Talon, né en 1510, fût le second fils d’un colonel au service de Carles IX, qui ne parvint au trône qu’en 1560.

Une synthèse sérieuse de la généalogie de cette famille Talon a été donnée par Etienne Pattou (http://racineshistoire.free.fr/LGN). On en donne ci-dessous les deux générations qui nous intéressent :

 D’abord Suzanne Talon, ses frères, sa sœur et son demi-frère (avec à droite le blason des Pucelle) :

Les Talon à Paris au XVIème siècle


On reste dans les hommes de loi !

 Mentionnons particulièrement le frère aîné de Suzanne : Omer Talon, né vers 1538, qui fut Maître des Requêtes et Chancelier de la Reine Marguerite (dite Reine Margot, femme de Henri IV). Il eut une nombreuse et illustre descendance (voir le site d’Etienne Pattou mentionné ci-dessus).

La sœur de Suzanne : Marie Talon a épousé Simon Tubeuf, Avocat au Parlement et maître des Requêtes de la reine Elisabeth d’Autriche (épouse de Charles IX).

 Regardons maintenant les générations d’avant Suzanne : père, oncles et grand-père :

Les Talon à Paris

Les parents de Suzanne étaient Jean II Talon (Sosa 6674), Procureur au Parlement de Paris, et Claude Vignon (Sosa 6675, qui s’était mariée une première fois avec Claude Sarde, lui aussi Procureur). Parmi ses oncles, signalons Omer Talon (né en 1510 à Amiens), Professeur de Rhétorique à l’Université de Paris, qui a écrit plusieurs ouvrages, dont un recueil publié à Bâle.

Ce dernier a été très ami (il l’appelait son « frère ») avec Pierre de la Ramée (dit Ramus, né vers 1515), logicien, philosophe français converti au calvinisme qui fut assassiné durant les massacres de la Saint-Barthélemy. Ramus fut un des plus grands savants humanistes du XVIème siècle. Lui, Omer Talon et Barthélemy Alexandre enseignèrent dans plusieurs collèges de l’Université de Paris et sont à l’origine de plusieurs réformes de l’enseignement concernant la rhétorique, la philosophie et les mathématiques (voir l’article de Wikipedia sur Pierre de la Ramée). 

Le grand-père de Suzanne était Jean Talon, laboureur, Lieutenant de Justice à Rosières (Picardie).

Pour terminer, citons un passage du chapitre « La mise en place d’un réseau de parentèle » dans l’ouvrage de Charles Frostin : « Les Ponchartrain ministres de Louis XIV » : « … Il ne fait guère de doute, en effet, que la famille Talon au sens le plus large, y compris les apparentés, ait formé un milieu résolument acquis au gallicanisme et, au moins dans une certaine mesure, réceptif aux influences jansénistes. ».

 

I-             Les Le Prevost

 Comme on l’a noté plus haut, les parents de Suzanne Talon étaient Jean II Talon et Claude Vignon. Les parents de Claude étaient Martin Vignon (Sosa 13350) et Marie Le Prevost (Sosa 13351). Si nous n’avons pas pu trouver grand-chose sur Martin, la recherche sur la famille Le Prevost a été plus fructueuse.

Visualisons la fratrie de Marie Le Prevost avec ses parents et ascendants (dans chaque case figure le n° Sosa) :

Arbre des Le Prevost


On remarquera que, parmi les frères de Marie Le Prevost, plusieurs sont dits « seigneur d’Andilly ». Ce titre venant de leur mère, nous en discuterons dans le chapitre suivant consacré aux Fromont.

Commençons par les pages que l’on trouve sur la famille Le Prevost aux XVème et XVIème siècles dans Les tombeaux des personnes illustres (par Le Laboureur, 1642, pages 320 et suivantes) disponible sur internet à l’adresse : https://books.google.fr/books/about/Les_tombeaux_des_personnes_illustres.html?id=ArZQAAAAcAAJ&redir_esc=y, et trouvé dans l’arbre de Pauline Aury (Geneanet). Blason des Le Prevost

« … Cette maison des Le Prevost est fort noble et fort ancienne, c’est pourquoi j’en donnerai ici la généalogie que j’ai recouvrée avec grande peine ; elle est originaire des Flandres, à ce que tiennent tous ceux qui en sont issus ; et ce qui rend cette opinion probable est que les premiers que j’ai pu découvrir de cette maison étaient au service des Ducs de Bourgogne, Comtes de Flandre. Ils assurent aussi pour certains ce nom de Prevost leur être demeuré à cause d’une charge de Prevost longuement exercée par ceux de cette maison, qui à cause de cette qualité qui leur était héréditaire furent plus ordinairement surnommés du nom de Prevost que de celui de Gadifer, qui était leur surnom. Il suffirait pour faire remarquer leur noblesse, de dire que deux de cette maison ont été reçus Chevalier de Malte ; et que nos Rois en contemplation de leur ancienne noblesse ont permis à quelques-uns, et à cause d’eux à toute la famille, d’exercer la charge de Procureur en la Chambre des Comptes de Paris, comme en témoignent les lettres données à Melun par le Roi Louis XII, le sixième jour de septembre l’an mil cinq cents, scellées du grand sceau, et vérifiées et approuvées par les généraux des Aides en faveur de Jean Le Prevost, par lesquelles il est porté expressément, qu’il était noble né de père et de mère, lesquels parce qu’ils n’avaient pas de grands biens et chevances, et étaient chargés de plusieurs enfants, dont quatre fils, il était contraint d’exercer la charge de Procureur des Comptes […]. Semblables lettres furent depuis obtenues du Roi Henri II du vingt sixième jour de mars mil cinq cents cinquante, qui contiennent aussi que les Le Prevost étaient d’ancienne noblesse. Le Roi Charles IX, fils de Henri, en donna aussi d’autres en faveur des descendants de ce Jean […].

 

Jean Le Prevost (Sosa 26702), marié à Jeanne Fromont (Sosa 26703) et père de Marie, était Procureur en la Chambre des Comptes, Seigneur d'Eaubonne et d'Andilly-le-bas, Receveur du bailliage de Senlis. Il acquiert par héritage de sa femme, les seigneuries d’Andilly, Eaubonne, Boissy. La famille alliée aux Le Laboureur est décrite dans les Tombeaux des Personnes Illustres de Jean Le Laboureur, probablement dans la Chesnaye Dubois. Du couple Jean Le Prévost et Jeanne Fromont sont notamment issus une partie de la famille Lefevre tant d’Eaubonne que d’Ormesson, dont est issu Olivier juge de Fouquet et l'académicien Jean d’Ormesson [voir Geneanet. Arbre de Pauline Aury].

 

Son arrière-grand-père Philippe Le Prevost (Sosa 213616) était Chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, appelé aussi Ordre des Hospitaliers (Chevalier de Malte).

 

Un peu d’histoire (Wikipedia) :

« Ordre de Malte» est le nom communément donné à l'ordre des chevaliers-hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, créé à la fin du XIème siècle pour subvenir aux besoins des pèlerins en Terre sainte et rapidement transformé en ordre militaire, à l'instar des templiers, pour défendre les États latins menacés par la contre-offensive des musulmans.

En 1291, à la chute de Saint-Jean-d'Acre, qui consacrait le retrait des chrétiens de Palestine, les hospitaliers se replièrent d'abord sur Chypre puis, en 1309, sur Rhodes. C'est sur mer qu'ils allaient désormais combattre l'islam, en attaquant ses côtes et ses navires dans toute la Méditerranée orientale.

Le frère de Philippe, Jean Le Prevost, était lui aussi Chevalier de Malte, et Valet de Chambre des ducs Jean et Philippe de Bourgogne.

 

I-             Les FROMONT

Nous avons vu ci-dessus que la mère de Marie Le Prevost (Sosa 13351) était Jeanne Fromont (Sosa 26703). Un petit arbre pour commencer (avec les numéros Sosa) :

Arbre des Fromont à Paris

Il va être question ci-dessous des seigneurs d’Andilly. Précisons qu’Andilly est un village du Val-d’Oise, mitoyen avec la forêt de Montmorency, à quelques kilomètres au nord de Paris.

Nous retrouvons dans « Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris » (Auteur : Jean Lebeuf, édité en 1883) les informations suivantes sur les Fromont (basées sur le livre de La Laboureur, mentionné plus haut:Blason des Fromont

… Parmi les manuscrits de M. Dupuy est un catalogue du XIII siécle, qui renferme les noms et Seigneuries de ceux de la Chatellenie qui relevoient du Roi, avec ce titre : Isti sunt de
Castellania Parisiensi tenentes a Domino Rege. Dans ce nombre est marqué Radulphus de Andeli. Mais environ dans le même temps, un Thibaud de Bruyeres, Chevalier, avoit une Seigneurie à Andilly, puisque ce fut lui qui amortit en 1244 le bien qu'y eurent Ies Moines du Val.
Un des successeurs de ces Seigneurs s'étant trouvé dérangé dans ses affaires, sa Terre fut adjugée en 1426, par decret, à Jean Fromont, Seigneur de Boissi, Clerc du Roi en la Chambre des Comptes. Il avoit épousé Isabeau, fille de François de Blandeque, Sergent d'armes du Roi; ils sont inhumés tous les deux à Saint Germain l'Auxerrois, en la Chapelle de S. Michel. Guillaume Fromont, fils de Jean, lui succéda dans ses Seigneuries. Il eut une fille nommée Jeanne, qui les porta en mariage, l'an 1497, à Jean le Prevost, Procureur en la Chambre des Comptes. Leurs fils Claude et Guillaume partagèrent depuis la terre d'Andilly. Claude eut
Andilly le haut, duquel son fils Claude hérita, puis le petit-fils du même nom; ensuite le fils de ce dernier, nommé Charles, étant mort sans enfans mâles, au retour de l'armée, sa part dans la Seigneurie d'Andilly échut aux filles du même Charles. Guillaume le Prevost marié à
Antoinette Braque, et qui avoit eu dans son lot Andilly le bas, eut entr'autres enfans Robert le Prevost, lequel vendit cette portion à Antoine Arnaud, Avocat en la Cour. J'ai tiré ce détail des Seigneurs d'Andilly, d'un livre du sieur Le Laboureur qui avoit étudié spécialement cette matiere, à cause des Braques desquels il étoit allié, et à cause du voisinage de Montmorency dont il étoit Bailli.

 

En guise de conclusion

C’est grâce à la fois aux archives rendues accessibles récemment dans Geneanet, mais aussi aux généalogistes qui ont accepté de mettre leur arbre et sources à disposition de la collectivité, que nous avons pu réaliser cette incursion dans Paris dans les milieux de la justice ; celle-ci étant associée à une remontée dans le temps, mais aussi à une proximité avec quelques personnages de l’histoire de France, elle a conforté la grande variété des profils de nos ancêtres, ce qui ne peut que nous réjouir.


Auteur : Michel Meste.      Pages réalisées avec Kompozer.