Le site de généalogie de Catherine et Michel Meste |
Michel Meste (Sosa 1)
Durant
de nombreuses années, se sont réunis à Toulouse, chaque semaine et à
partir des
années quarante, un petit groupe de passionnés de bridge. Il était
composé de
Miron et Marcelle Galitzky, Gustave Doumerc, et Pierre et Marcelle
Meste (Sosa
2 et 3). Nous allons ci-dessous nous intéresser à eux, en nous appuyant
à la
fois sur des souvenirs anciens (j’ai souvent assisté à ces réunions du
dimanche
après-midi quand j’étais jeune…) mais aussi sur quelques données (y
compris
généalogiques) liées à ce « groupe des cinq ».
Comment
mes
parents et les Galitzky se sont-ils connus ? Il semble qu’ils se soient
rencontrés un peu avant la guerre dans un hôtel au bord du lac de
Saint-Ferréol,
à l’occasion d’un séjour estival. Après la guerre, chaque dimanche
après-midi,
vers 14h30, les cinq amis se lançaient dans des parties de bridge,
après avoir
décidé quels étaient ceux qui allaient commencer. Vers 16h, une petite
récréation
permettait à tous de se détendre, autour d’un verre de Gaillac doux et
de
quelques biscuits. Le bridge étant un jeu sérieux, la détente était
nécessaire
pour oublier (momentanément…) les tensions et autres remarques acerbes
au sein
des couples. Elle permettait aussi d’échanger entre amis sur des sujets
divers :
la philatélie, le commerce, les enfants etc… Les parties se finissaient
autour
de 18h. Après avoir précisé que toutes les données généalogiques
mentionnées,
avec leurs sources, pouvaient être retrouvées sur Geneanet (identifiant
mestenerzic), intéressons-nous aux familles en question. Ci-contre,
Marcelle et Pierre Meste, Marcelle Galitzky et Gustave Doumerc, vers
1955 (Miron Galitzky prend la photo).
Outre
le
couple Galitzky, dont nous allons reparler ci-dessous, était présent
lors de
ces parties de bridge Gustave Doumerc. Avec sa femme Germaine Carrière,
mariés en 1927 à Montpellier, ils recevaient leurs amis dans leur
maison de la rue
Monplaisir, près du Jardin des Plantes. Ingénieur chimiste, partageant
avec
Miron un intérêt certain pour la philatélie, il s’était attelé, la
retraite
venant, à l’écriture d’une histoire de Revel (publiée en 1976) qui
reste une
référence. L’autre couple était celui de mes parents Pierre et Marcelle
Meste,
qui habitaient tout au début rue Bernard Lasserre, tout près de ce qui
deviendra plus tard le campus de l’Université Paul Sabatier. Pierre
travaillait
à la Compagnie Bordelaise des Produits Chimiques, qui avait ses bureaux
au
centre-ville. Ils étaient eux aussi mordus de bridge. Après le décès de
Pierre en
1978, Marcelle s’inscrira dans un club de bridge toulousain et
participera,
avec quelque réussite, à des concours régionaux ou nationaux.
Mais venons-en à Miron et Marcelle,
couple le plus âgé, dont le parcours a été des plus singuliers.
Les relations amicales avec mes parents allaient au-delà des parties de bridge. En témoignent les photos ci-dessous, ainsi que quelques voyages en Espagne (auxquels j’ai parfois participé) qui les réunissaient.
Ci-dessus : - à
gauche : Mme Vellay et sa fille Marcelle Galitzky encadrent Marcelle et
Pierre Meste. Devant, le fils Galitzky et Robert Meste
- au centre : les deux Marcelle
- à droite : Marcelle Meste, Miron et Marcelle
Galitzky, Mme Vellay, Pierre Meste, Mr et Mme Redaud, et devant Michel
et Robert Meste, et Jean-Luc Redaud.
Intéressons-nous
d’abord à Miron.
Miron Galitzky
est
né en 1893 à Odessa (Ukraine). Ses parents étaient Siméon Galitzky
(1848-1931)
et Elisaveta (Elisa) Galitzkaya Schweitzer. Ces derniers ont eu deux
autres
enfants à Odessa : Lev Galitzky (Odessa 1891 - Moscou 1968) puis
Berta Galitzkaya
Grekulova (Odessa 1899 - Moscou 1998) qui épousera Eugeniy Grekulov et
aura de
lui deux enfants.
A 19 ans, il passe son bac en Suisse. Il arrive ensuite à Toulouse, où
il devient ingénieur. On le retrouve inscrit
dans le Fichier Central de la Sûreté Nationale (dit fonds de Moscou) de
1916 à
1931
(voir https://fr.geneawiki.com/index.php/Fonds_de_Moscou).
Miron
et Marcelle Jeanne Fany Vellay (née
le 23 novembre 1901 à Barcelone, Espagne) se sont mariés le 16 décembre
1925
(où ?). En 1931, ils auront un fils (Georges). L’année suivante,
Miron acquerra
la nationalité française. Commencée vers 1935, il cessera son activité
de buraliste (au 60
rue de la
Pomme, derrière l’actuel Monoprix) le 1er janvier 1961. Il
décèdera
à Toulouse en 1986 à l’âge de 93 ans et Marcelle le suivra le 25
septembre 1990
à Toulouse.
Des
événements liés à
Miron et Marcelle (pendant la guerre) ont été relatés par Jeannine
Cassan-Laborie,
que l’on peut retrouver dans l’article suivant :
http://www.ajpn.org/personne-Georges-Cassan-8467.html
… Ma sœur se souvient que
Maman et elle prenaient un tramway jusqu'au haut de la colline de
Guillemery,
elles longeaient une place très claire puis arrivaient à une villa où
il y
avait une famille dont elle a reconnu plus tard que c'était la famille
Galitzky. Maman déballait des victuailles.
Plus tard, le jeudi qui
était le jour de congé des écoliers, l'une de nous accompagnait notre
mère.
Place du Capitole, notre mère achetait des poireaux qu'elle disposait
en haut
du grand cabas qu'elle avait pris à la maison. Les poireaux dépassaient.
Maman allait alors à
l'angle de la place du Capitole et de la rue de Rémusat me semble-t-il,
ou de
la rue du poids de l'huile. Elle montait les quelques marches jusqu'à
la porte
en angle de cet immeuble et s'arrêtait pour regarder la place en disant
qu'elle
était fatiguée et qu'il fallait qu'elle se repose. Puis, elle ouvrait
rapidement la porte derrière elle et nous entrions vite, et nous
montions les
escaliers en jouant à celle qui ferait le moins de bruit. Arrivées en
haut de
l'escalier qui était devenu petit et moins beau, nous entrions dans une
pièce
dont les murs étaient tapissés de couvertures, d'épais rideaux de
velours, dont
j'avais vu certains dans notre appartement. Le sol était couvert de
tapis, de
couvertures et d'édredons.
Sur un lit à une place, il
y avait un grand garçon d'au moins 12 ans, si faible qu'il ne devait ni
se
lever, ni parler, et nous devions lui parler à voix basse. Maman
chuchotait
avec les parents de ce garçon et sa grand-mère, en déballant les
paquets
qu'elle leur portait. Comme nous avions des poules et des lapins et que
les
religieuses donnaient à notre père du lait et du pain, je suppose que
Maman
portait ces victuailles avec des œufs durs et du fromage à cette
famille.
[…]
Cette famille a été la
seule à être reconnaissante envers nos parents. C'étaient, Monsieur
Miron
Galitzky, sa femme et sa belle-mère. Leur fils n'a pas su que si on lui
interdisait de bouger et de parler c'est parce que ses parents se
cachaient,
car l'une des grands-mères de Monsieur Galitzky était juive. Notre père
a été
son parrain lorsqu'il est devenu chrétien pour se marier, et aussi il a
été le
parrain de leurs fils, le grand garçon couché ! …».
Miron et Marcelle Galitzky recevaient leurs amis bridgeurs dans leur maison de la rue des 36 Ponts. Miron, outre ses activités de buraliste, était aussi marchand de timbres, ce qui générait des discussions nombreuses avec Gustave Doumerc, qui était collectionneur de timbres. Ils avaient, dans leur couloir, une magnifique carte ancienne qui ne manquait pas de titiller mon imagination… Ma femme et moi avons été très touchés lorsque Marcelle nous offrira pour notre mariage une magnifique nappe brodée qu’elle avait passé de nombreuses journées à réaliser.
Souvenirs...