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La Merveille de Saint-Coulomb

C’est à l’abbaye du Mont Saint-Michel que l’on donne en général ce nom de Merveille. Mais ce fut aussi le nom d’un lieu-dit près de Saint-Coulomb, dans l’Ille-et-Vilaine. Ce sera, près de deux siècles et demi plus tard, la propriété de Gabriel Bernardin PERAL (SOSA 124).

A – La Merveille

« Voilà un joli nom ! » C’est ainsi que débute l’article des Annales de la Société Historique et Archéologique de Saint-Malo (1925).

D’après cette étude reprenant l’abbé Manet, il semble qu’il s’agisse d’une ancienne abbaye de Templiers qui, lorsqu’elle échut à Pierre GROUT, fils de Jehan sieur de la Merveille, était une maison noble dépendant de la seigneurie de l’évêque de Dol. Elle fut ainsi décrite dans l’aveu qui en fut fait à ce dernier :

« Les maisons, métairies, terres et héritages nobles dépendant dudit lieu de la merveille scittuée en la paroisse de Saint-Coulomb, consistant en la maison du Seigneur composée d’un grand bas dans lequel il y a une cheminée à manteau de bois, une grande huisserie de taille venant de la tourelle où est la montée d’icelle maison, les veues et fenestres de taille grislées, dans lequel bas de maison est le tour et pierre de taille du pressouër dudit lieu, avecq sa roue de bois en l’un des bouts duquel est le pressouër à capestan garni de ses ustensiles...

Un petit cellier à côté dudit bas de maison, et au bout duquel il y a une petite chambre dans laquelle il y a une cheminée, trois fenestres de taille garnies chacune de grilles de fer pendantes, commodité de privé à côté... la cuisine à côté du dit calier dans laquelle il y a une cheminée de pierre de taille, fenestre aussi de taille munie de grille pendante ; venant de ladite montée ses greniers au dessus de ladite chambre et cuisine couverts de pierre ardoise.

La tour et la tourelle dans laquelle est la montée de l’icelle maison …

Plus la maison du metaier joignant à ladite maison principale et seigneuriale, dans laquelle il y a aussi deux fenestres de taille grislées en pierre, four dans la cheminée, greniers au dessus couverts de pierre ardoise… l’escurie aux chevaux est au bout de l’icelle maison… au dessus de laquelle il y a une chambre dans laquelle il y a une cheminée de pierre de taille… ; la grange au bout aussi couverte d’ardoise... grande porte de pareille pierre de taille vers la cour…

Une petite rangée d’étables couvertes de pierre d’ardoise étant vers le soleil couchant de ladite cour.

Le jardin dudit lieu de la Merveille dans lequel est le coulombier et reffuge à pigeons dudit lieu, un petit pavillon sur le haut dudit sans cheminée  ».
Limoelou de Jacques CartierPour ceux qui ont visité Limoëlou, la résidence de Jacques CARTIER près de Saint-Coulomb, la ressemblance est frappante.

La propriété resta dans la famille GROUT jusqu’en 1669, puis fut acquise par plusieurs propriétaires jusqu’au 26 vendémiaire an VIII, date à laquelle elle fut achetée par Gabriel Bernardin PERAL, marchand (SOSA 124) qui la possédait encore à sa mort en 1838.

B- Les PERAL

Les PERAL ne sont pas malouins en vérité. Gabriel Bernardin PERAL est né à Caen en1759. L’acte de naissance précise :

L’an mil sept cent cinquante neuf et le mardi troisième jour d’avril, par moi prestre vicaire de cette paroisse soussigné, a été baptisé un fils né de ce jour du légitime mariage de Jean Jacques Peral, soldat au régiment du Royal Comtois, compagnie Chevalier d’Astor, et de Marguerite Joly. Il a été nommé Gabriel Bernardin par messire Bernardin de Manas de Lameran, capitaine des grenadiers au régiment Royal Comtois, et dame Marie Catherine Gabrielle Ollive L’evesque de précorbin, parrain et marraine soussignés ....

Il se dit dans la famille que les PERAL pourraient être d’origine espagnole. 

La question se pose lorsque l’on voit au musée de Saint-Malo le portrait de Jeanne PERAL, par son fils Louis DUVEAU (voir ci-dessous). L’œil et le cheveu noirs font plus méditerranéen que breton.
Jeanne PéralFille du deuxième mariage de Gabriel Bernardin avec Françoise LEMAITRE, Jeanne épousa Louis Constant DUVEAU, joaillier. Dans la biographie de son fils Louis DUVEAU, peintre malouin connu, on rappelle que ce dernier est apparenté par sa mère au GUYOT-DUCLOS qui accompagna BOUGAINVILLE sur la Boudeuse.

Jean-Joseph PERAL (SOSA 62), issu d’un premier mariage de Gabriel Bernardin avec Marie Thérèse LECOURT des Fontaines, allait nous entraîner au siècle de François 1er en épousant Clémentine BEAUCHEF.

Clémentine BEAUCHEF (Sosa 63) est née à Saint-Malo le 15 floréal an V, d’un père employé des bois de la Marine. En l’absence du père, ce sont les sœurs aînées, mariées, et le frère Malo, 12 ans, qui signent le jour du baptême. Les BEAUCHEF viennent de Pontorson. Mais la grand-mère de Clémentine est malouine : Françoise Yvonne BLANCHARD des Rabines. Cette dernière  est la fille de Pierre BLANCHARD des Rabines, premier Maître de Postes de St Malo, qui descend de Guillaume BOULAIN (Sosa 65372), corsaire du dernier duc de Bretagne François II, et de son fils Bernard sieur de La Rivière (Sosa 32686), conservateur de la République Malouine (voir Bernard Boulain). Il descend aussi de Julien GRAVE (Sosa 130750), sieur de Chateau-Malo (grand-père de DUPONT-GRAVE, explorateur du Canada). La mère de Françoise-Yvonne descend de Michel DAVY de la Bastille (Sosa 65420), de Thomas LEBRETON sieur de la Villepoulain (Sosa 65422) et de Guillaume POREE sieur du Bouays (Sosa 130846). Tous des ancêtres malouins !

Gabriel Bernardin acquiert La Merveille en l’an VIII.

C- La fin de la Merveille

Dans l’ouvrage de Gilles Foucqueron « Saint-Malo, 2000 ans d"histoire » on trouve un paragraphe sur La Merveille :

« Lieu-dit près de Saint-Coulomb. Il est le lieu d’établissement d’une maison de Templiers dépendant d’un couvent de Saint-Malo. Un trésor y aurait été caché, mais une cachette maçonnée en brique découverte en 1892 n’a rien révélé.... Situé au bord du ruisseau qui va se jeter dans l’anse de Rothéneuf, le manoir de la Merveille disparaît vers 1930 lors de la mise en eau de l’étang de Sainte-Suzanne ».

Dans ce même livre un paragraphe sur l’ Etang de Sainte-Suzanne :

« Etang créé en 1924 dans la vallée de la Merveille, grâce à la construction d’un premier pont-barrage..., puis agrandi en 1932 par un second barrage dit de la Merveille, surélevé en 1951. »

Des articles de 1979 et 1998 dans le journal « Pays malouin » font l’historique de cet événement.

Dans des actes notariés relatifs à la succession de Gabriel Bernardin PERAL, possédés par la famille, sont mentionnées ses propriétés affermées sur Saint-Coulomb et Paramé, dont la Merveille et la Mettrie au Chanoine.



Auteur : Catherine Meste-Nerzic.      Pages réalisées avec Kompozer.